Comme Nietzsche le dit à plusieurs reprises : la lecture de son œuvre n'est pas de celles dont on sort sans que rien n'ait changé. Et ceci est d'autant plus vrai que rien de ce qu'elle prophétise ou annonce ne s'est définitivement accompli. Nous ne sommes pas sortis de ce qu'elle décrit, que ce soit l'épuisement de la démocratie, les différentes formes de réactions au nihilisme qui ne font que le perpétuer (comme tous les extrémismes), la résistance, plus ou moins déguisée, des valeurs imposées par le christianisme. Nous n'échappons pas davantage à ce qu'elle prescrit : notre rapport au savoir (et notamment à la science) est loin d'être clarifié. Le signe le plus probant de cette actualité des questions nietzschéennes est que, pas plus que cette œuvre n'appartient aux nietzschéens, elle ne laisse aucun courant philosophique, aucune école indifférente.