Renouant avec la tradition de ses grandes enquêtes historiques sur les camps d'extermination de la Seconde Guerre mondiale -dix ouvrages, dont les témoignages inédits constituent l'acte d'accusation le plus complet et le plus irréfutable, contre la barbarie nazie -Christian Bernadac s'est attaché dans "L'holocauste oublié" au martyre inconnu de ce peuple du voyage, les tsiganes, qui était condamné au même titre que les juifs, par les lois raciales du Reich. L'horreur et l'immensité de la "Solution Finale" du problème juif ont le plus souvent masqué le massacre organisé des tsiganes européens. Aucun tsigane ne témoigna au procès de Nuremberg. Ce "silence" sur la disparition d'au moins 250.000 tsiganes trouve une explication logique dans l'absence de langue écrite tsigane, mais aussi et surtout dans la "mauvaise conscience" de tous ceux qui ont eu à coeur, pendant des siècles, de mépriser, insulter, poursuivre, rejeter, condamner ces bohémiens, romanichels ou autres "voleurs d'enfants et de poulets", marginaux non par atavisme, mais par la seule force des attitudes de leurs contemporains. Sait-on que les autorités françaises avaient commencé l'internement "des nomades"dans de véritables camps de concentration français, construits sur le territoire français dans les mois qui ont précédé la Seconde Guerre mondiale ?. Christian Bernadac a retrouvé les archives de ces camps que l'on néglige aujourd'hui encore de mentionner. Ces documents et un ensemble inégalable de témoignages ont permis à l'auteur de retracer dans "L'holocauste oublié" la longue persécution de ces familles marquées depuis "la fuite indienne" par une malédiction, en de nombreux points comparables à celle qui frappa la race juive. "L'holocauste oublié" une révélation qu'il faut -enfin -avoir le courage de découvrir et de lire.