La Série Noire, la vraie, l'authentique, celle de chez Gallimard est une institution. D'abord parce qu'elle a fait connaître aux enfants de Voltaire et La Boétie des auteurs anglo-saxons tout à fait novateurs pour ne pas dire révolutionnaires. Ensuite parce qu'elle a permis l'émergence d'écrivains français jusqu'alors relégués dans les fonds de cour ou les parloirs. Enfin, et surtout, parce qu'elle a offert des heures de plaisir et de bonheur à tout amateur de polars. De « polars » et non de « romans policiers ». La différence est de taille. Celle qui sépare un Dashiell Hammett d'une Agatha Christie, un Jean-Claude Izzo d'une Mary Higgins Clark. Le polar, le vrai. Celui qui raconte des êtres en perdition au sein d'une société qui se lézarde, celui qui met non seulement le doigt mais toute la main sur des plaies béantes. Bref, le polar, quoi.
Cette année 2015 étant période d'anniversaire, après les 120 ans de Gaumont voici les 70 ans de la Série Noire. Créée par Marcel Duhamel, comme chacun sait. Sous l'égide scrupuleuse de Gaston et Claude Gallimard, ce que l'on sait moins. Car ces éditeurs n'ont jamais considéré la nouvelle collection comme un parent pauvre mais plutôt comme un oncle d'Amérique qu'il convient de traiter avec déférence.