Cette somme littéraire de près de 800 pages est un réquisitoire féroce contre l'absurdité de la guerre. La guerre non pas vue de façon théorique ou abstraite, mais vue à travers l'itinéraire de jeunes hommes (Christian, Michaël, Noah), dont le destin va se croiser jusqu'à un final tragique aux abords d'un camp de concentration.
Ecrit en 1949, alors que le second conflit mondial vient tout juste d'éteindre ses braises, ce livre surprend par la prise de distance qu'il opère avec le sujet, s'attachant à tracer les atermoiements et conflits de pensée qui agitent les protagonistes au milieu du fracas des armes. Et l'on voit s'agiter comme sujets annexes les profiteurs de guerre, l'absurdité bureaucratique, l'antisémitisme plus ou moins latent des forces armées, les fraternités d'arme, les amours et les trahisons, les gestes fraternels et les atrocités.
Grand roman, le bal des maudits est une grande fresque, à la mode américaine mais également à la mode tolstoïenne, brillante et colorée, capable d'exprimer à la fois douleur et espoir, interrogation du monde et des personnes.
De ce livre, le réalisateur Edward Dmytryck a tiré un film en 1959 (Le Bal des maudits) avec Marlon Brando et Montgomery Clift.