Le concept d'énonciation fait figure de symbole et de catalyseur de la « mutation » qui caractérise la recherche linguistique aujourd'hui.
L'auteur tente de définir et de circonscrire ce concept de manière extensive d'abord puis restrictive : l'essentiel de son étude consiste à décrire systématiquement, à partir d'exemples concrets, les traces de l'inscription du sujet parlant dans l'énoncé, c'est-à-dire « la subjectivité dans le langage » (Benveniste), subjectivité en un sens strictement linguistique, mais qui ne cesse de côtoyer et d'interpeller les usages communs de ce terme aussi problématique qu'indispensable.
Revenant ensuite à une conception plus large et plus diversifiée des phénomènes énonciatifs, l'ouvrage s'achève sur une introduction à la « pragmatique du langage ». Faire de la linguistique, c'est toujours faire « l'anatomie d'un rapport », c'est rendre compte de la façon dont les « sens sont appariés aux sons ». Or, ils le sont par des sujets fort diversement " compétents ": il est temps de réintroduire le sujet parlant dans la formulation de ces règles de correspondance. Telle est en tout cas l'idée centrale que cet ouvrage défend et illustre.