Dans une petite chambre éclairée par la lueur dansante du feu, les rideaux de perse fleurie étaient tirés contre la fraîcheur du soir. Avec son lit à
colonnes, sa coiffeuse enjuponnée de ruches, sa commode galbée et les gravures anciennes aux murs, cette pièce était une véritable oasis de
paix dans ce monde tourmenté. Lucilla était adossée à ses oreillers ; une mantille de dentelle recouvrait ses beaux cheveux blancs. Les enfants,
blottis près de la cheminée, semblaient eux aussi enfermés dans une sécurité inviolable.
Comme presque toujours, chez Elizabeth Goudge, il y a une maison au centre du roman, une maison protectrice, un foyer dont les murs épais,
anciens, solides, abritent une famille. Chez les Eliot, c'est Lucilla, la grand-mère, qui tient les rênes, veille au bien-être de chacun - mais aussi au
respect des règles de la morale, même si autrefois, elle avait bien failli les bafouer elle-même.
Aujourd'hui, dans une atmosphère en apparence apaisée, on va aimer voir s'agiter, grandir, s'épanouir tous les membres de cette attachante
famille - même si certains orages grondent encore dans le lointain.