Philippe Muray (1945-2006), est un essayiste et romancier français. En 1984 il publie le XIXème siècle à travers les âges, fresque foisonnante et audacieuse dans laquelle il souligne l'importance de l'occultisme dans la fondation du socialisme, le "socialoccultisme" croyant à la possibilité de créer un ordre social parfait par la parole, voire par le terrorisme intellectuel. Philippe Muray se voulait le chroniqueur et le contempteur du désastre contemporain, cette époque où "le risible a fusionné avec le sérieux", où le festivisme fait loi. Son oeuvre stigmatise, par le rire, la dérision et l'outrance de la caricature les travers de notre temps. Il inventa pour cela (dans "Après l'Histoire") une figure emblématique de ce temps : "Homo festivus", le citoyen moyen de la post-histoire, "fils naturel de Guy Debord et du Web".
"Il y a un gâtisme de la rébellion, et il est l'héritage de tout le romantisme, c'est-à-dire du culte de l'authenticité, perfusé avec acharnement depuis deux siècles dans la société. Cette rébellion doit être jetée, comme tant d'autres choses. Je ne vois pas pourquoi elle devrait continuer à être affectée d'un signe positif, quand on voit tant de rampants de toutes sortes (artistes, journalistes au Monde, etc.) s'intituler rebelles ou faire l'éloge de la dérangeance et de l'iconoclasme à l'�uvre dans n'importe quelle petite merde scolairement avantgardiste, moi-iste, écriturante."