L'époque est contemporaine, mais le lieu est imaginaire : un duché dont les habitants ont tous perdu un enfant et dont le chroniqueur, chargé de rendre compte au duc des faits et gestes de la population, sillonne les rues la nuit afin de consigner dans son carnet saynètes, émotions, paroles. Ces parents endeuillés (la sage femme et son mari, le cordonnier, le vieux professeur de mathématiques, Centaure, mi-homme mi-table, devenu écrivain, la ravaudeuse de filets de pêche) entrent tour à tour dans une marche vers un « là-bas », vers des lumières rougeoyantes, afin de redonner vie à l'absent, de rompre la solitude que le deuil impose au vivant. Tous sauf la femme du meneur. Elle les observe du haut d'une tour et commente la progression du cortège. Chacun énonce les mots de son espoir vain, dans une forme brève, scandée, poétique. Le tout offre une sorte de chant choral, comme sur une scène de théâtre antique, la parole de l'un s'enchaînant sur celle d'un autre.
Un livre intime, émouvant où les mots, puissants, authentiques, sortent du coeur de l'auteur sans retenue pour aller toucher directement le coeur du lecteur.