Il y a un style Bigeard, un vocabulaire Bigeard, une légende Bigeard. Les Français connaissent sa haute stature, la malice de son regard bleu, ses formules à l'emporte-pièce, ses jugements ou ses réparties qui font mouche. Mais l'homme est-il à l'image de ce guerrier qui n'a jamais accepté de renoncer et qui a définitivement pris pour devise un seul mot : " durer " ? Nul n'était plus qualifié qu'Erwan Bergot pour écrire la première biographie de ce personnage d'exception dont la notoriété a pris naissance en 1952 quand la presse découvrit le jeune commandant Bigeard. Chef de bataillon, colonel, général, secrétaire d'Etat, député, où qu'il soit, la renommée l'accompagne. Erwan Bergot a servi naguère sous les ordres de celui qui, pour les paras, était " Bruno ". Il nous entraîne sur les traces de ce baroudeur qui n'a jamais rien renié, ni les combats qu'il a menés, ici ou là, pour sa patrie, ni les conditions qui ont fait de lui, sous l'écharpe de député, un élu pas comme les autres, qui avait choisi son camp mais conservé, en dépit de tout, sa liberté de pensée et son franc-parler. Ni son origine sociale, ni son enfance, ni son premier emploi à la Société Générale de Toul, ni son service militaire dont il était revenu hostile à l'armée ne laissaient présager la carrière mouvementée, chargée de gloire et d'honneurs, de ce fils de cheminot. En suivant pas à pas cette existence fertile, de la Lorraine aux palais nationaux, Erwan Bergot nous a fait découvrir un Bigeard secret : l'homme timide, pudique, fraternel, qui pratique la forme la plus élaborée de l'orgueil, cette humilité sans laquelle, de l'aveu même de Bigeard, " on risque de se prendre au sérieux " ; l'homme qui, arrivé au faîte de la célébrité et de la popularité, aura toujours la faculté juvénile de s'émerveiller de ce que la vie lui a apporté.