« Si tu savais comme je t'écoute, p'tit gars, ou plutôt comme je vous entends, vous, enfants de Terezín...
Si nous ne dormons pas, c'est pour guetter l'aurore
Qui prouvera qu'enfin nous vivons au présent...
Ai-je écrit ces mots pour vous ? Vous dont j'ai croisé les beaux visages émaciés à Auschwitz, vos traits purs lavés de ciel comme empreints d'idéal et de cette rage de vivre qui vous tient debout afin de dire Non au mal ! (...)
Tu t'es arrêté pour reprendre ton souffle, la tête semblait te tourner. Mais tu t'es repris et d'une voix rauque, si peu audible qu'il me semblait que tu te parlais à toi-même, tu as alors lancé :
- Poètes libres, vous l'étiez, enfants de Terezín, même si vous le deviez aux forces malignes du monde ! »
Mai 1945, libération du camp de Terezín. Un rescapé des camps de la mort au regard bienveillant croise un enfant, lui aussi rescapé : le dernier enfant survivant de Terezín. Cet homme s'appelle Robert Desnos.
Comme un grand frère protecteur, le poète résistant qui se meurt trouve encore une fois les mots.
Ysabelle Lacamp nous convie à cette rencontre bouleversante où la poésie triomphe de la barbarie.
Quand Ysabelle Lacamp écrit, c'est une vibration tellurique qui la parcourt, la transcende et la brûle. Lorsque cette fièvre s'empare d'elle, elle fait la fête au verbe, rêve puissamment ses personnages, et nous emporte avec eux. Voilà pourquoi sa rencontre avec Robert Desnos, le poète volcanique qui fit danser les mots et les morts jusqu'à son dernier souffle, est une évidence de la vie. Dans ce camp de Térezin où elle nous entraîne, l'émotion est toujours à fleur de rire.