Orphelin de père, le jeune Jean-Paul, surnommé Poulou, s'installe avec sa mère chez son grand-père maternel, Charles Schweitzer.
Chez les Schweitzer, la vie familiale ressemble davantage à une comédie : la mère du garçon, Anne-Marie, est une complice adorée. Charles joue les vieux patriarches, Jean-Paul s'amuse à être un enfant sage.
Le jeune Jean-Paul est dès le plus jeune âge plongé dans un monde qui l'éloigne de la réalité.
L'enfant est fasciné par la bibliothèque de son grand-père, ancien professeur qui fonda l'Institut des Langues Vivantes. Au contact des livres, Jean-Paul apprend seul à déchiffrer l'alphabet, à lire. Il dévore le Grand Dictionnaire Larousse, la littérature classique, il nourrit son esprit fantasque, son imagination et sa sensibilité. Encouragé par son grand-père, grand admirateur des auteurs du XIXe, le garçon trouve dans la lecture sa religion.
Sa mère lui achète des revues illustrées pour enfants, en dépit des critiques du grand-père.
La scolarisation du garçon est un échec. Il est contraint de recevoir des leçons particulières.
Son incapacité de s'intégrer en société le déstabilise. Son inutilité, son inexistence lui évoquent la mort.
Ces doutes sont exacerbés par un physique peu gracieux. Il est humilié, ridiculisé par les adultes. Il se réfugie dans un monde imaginaire où le bien triomphe du mal, où il est un justicier, un héros vengeur.
Le jeune Sartre continue son exploration de l'imaginaire par les sens et les arts : il apprécie le cinéma, genre dépréciée à l'époque par la bourgeoisie. Il s'enivre du son du piano que sa mère joue.
Malgré les efforts de sa mère, l'enfant reste marginalisé, frappé par la solitude.