La décision de faire figurer dans les manuels d'histoire une mention sur le rôle « positif » de la colonisation, puis la mise en accusation de l'historien Pétré-Grenouilleau pour son livre sur les traites négrières, au nom de la « loi Taubira », ont mis au jour le très difficile problème posé par les lois qui prétendent statuer sur des questions historiques. La première de cette espèce ayant été la « loi Gayssot », faisant du négationnisme à l'égard de la Shoah un délit. Un collectif d'historiens prestigieux, présidé par René Rémond, ont signé une pétition demandant l'abrogation de ces textes de loi et la restauration de l'entière liberté de recherche. Cette pétition a eu des effets immédiats : outre la réaction enthousiaste de Bruno Gollnisch, lui-même sous le coup d'une accusation de négationnisme, elle a suscité une seconde pétition, récusant l'amalgame entre toutes ces lois et insistant sur la nécessité de conserver la loi Gayssot. Ce problème est au carrefour de plusieurs questions tout à fait actuelles : - les revendications mémorielles et le besoin de reconnaissance des minorités ; - la qualification de crimes contre l'humanité de délits autrefois passibles de prescription ; - la question de savoir jusqu'à quel point l'enseignement d'Etat est libre ou s'il doit être encadré. C'est sur tout cela que René Rémond tâchera de faire le point, avec la mesure et le sens des responsabilités qu'on lui connaît et qui lui a valu de présider plusieurs commissions « difficiles ».