Trop tard.
Je suis arrivé trop tard pour la sauver et ça me tue. Je suis son mari. Celui qui doit la mettre à l'abri. Je suis nul comme mari. Je voudrais repousser les pierres, remonter le temps, sauf que j'ai encore la sensation d'avoir reçu un coup dans le ventre en la découvrant étendue à même le sol. Aussi livide que si on lui avait retiré tout son sang. Tout est remonté à la surface, putain. J'étais terrifié et tremblant comme s'il approchait à nouveau derrière moi.
Je l'ai cru morte.
Rien sur cette Terre ne pourra faire disparaître cette image. La plupart du temps, j'arrive à repousser les souvenirs au fin fond de mon esprit, mais cette image-là, je sais que je n'y parviendrai pas. C'était bizarre. D'un coup, je n'entendais plus sa voix dans ma tête. Les mots étaient les siens mais c'est ma voix intérieure que j'entendais. Pas la sienne. J'aurais donné n'importe quoi pour l'entendre à nouveau me parler et la colère s'y rajoute. Pure et violente, l'envie de tuer se répand dans mon corps et élimine tout ce qui me reste d'humanité, d'éducation bourgeoise ou de souffrance. Peu importe ce que veulent faire Kabbani ou le FBI, l'autre enfoiré avait déjà échappé aux hommes de Luba à mon arrivée mais je jure que je vais le retrouver avant eux. Dussé-je fouiller la Terre entière, centimètre par centimètre, le restant de mes jours. Et je filmerai sa mort pour me la repasser en boucle.